La reconnaissance faciale automatisée consiste à identifier un individu à partir de la géométrie de son visage. Pour que la technologie soit efficace, il faut disposer d’une image numérique de qualité du visage de l’individu en question, d’une base de données d’images numériques d’individus identifiés et d’un logiciel de reconnaissance faciale capable d’établir une correspondance exacte entre l’image d’un individu et une image d’un individu identifié qui est enregistrée dans la base de données.

Parmi toutes les technologies biométriques, la reconnaissance faciale est celle qui imite le plus la façon dont les gens s’y prennent pour identifier les autres, c’est-à-dire en examinant leur visage. Il est extrêmement difficile et coûteux de doter une machine de cette aptitude qui ne nécessite aucun effort de la part des humains. Cela dit, grâce à une convergence de facteurs au cours des dernières années, la reconnaissance faciale est devenue une technologie viable et de plus en plus exacte.
Les images numériques sont désormais omniprésentes en raison de la prolifération des caméras de surveillance, des téléphones intelligents équipés d’un appareil photo et des appareils photos numériques de qualité bon marché.

Les dispositifs de stockage à prix modique ont donné lieu à la création de vastes bases de données en ligne renfermant des images d’individus identifiés, par exemple les titulaires de permis de conduire ou de passeport, les personnes possédant une carte d’identité d’employé et celles ayant un casier judiciaire. Les individus ont adopté l’affichage et l’étiquetage des photos en ligne sur des plateformes comme Facebook, Instagram, Picasa et Flickr. En outre, la technologie de reconnaissance faciale a fait l’objet de perfectionnements considérables, notamment au chapitre de l’analyse des images et de l’extraction des données.

Puisque la technologie de reconnaissance faciale a été conçue à l’origine pour aider les pouvoirs publics à assurer la sécurité et l’application de la loi, il n’est pas étonnant que cet outil soit principalement utilisé par le secteur public. Signalons que ce secteur exploite aussi la plupart des bases de données renfermant des images d’individus identifiés, par exemple les titulaires d’un permis de conduire ou d’un passeport et les personnes ayant un casier judiciaire.

Notre capacité de préserver notre anonymat à la fois en ligne et hors ligne diminue de jour en jour.
L’information se rapportant à nos activités est captée dans le moindre détail par des technologies que nous avons intégrées de notre plein gré à notre vie quotidienne et par des technologies auxquelles nous ne pouvons échapper. Des tiers utilisent ces données pour effectuer des analyses, des tris et des classements, et de plus en plus pour nous identifier : le gouvernement et les organismes chargés de l’application de la loi s’en servent pour assurer la sécurité publique et nationale, tandis que les entreprises les utilisent pour maximiser leurs bénéfices. Nos activités en ligne sont de plus en plus associées à notre identité réelle et les tiers s’efforcent d’établir des liens entre notre identité en ligne et hors ligne. Nous contribuons nous-mêmes à cette activité de suivi en vaquant à nos activités quotidiennes accrochés à notre téléphone intelligent et en téléchargeant de l’information à notre sujet et au sujet de nos proches.

La reconnaissance faciale ne semble pas si inimaginable dans cet écosystème. Le rythme des avancées de la technologie et de son adoption par les individus a été extrêmement rapide au cours des dix dernières années.

Les chercheurs et les décideurs commencent seulement à combler leur retard dans l’examen des
répercussions sur la société de cette voie que nous avons tous empruntée.

Qu’arrivera-t-il si nous devons renoncer à l’anonymat ?

Pour l’instant, nombre de gens accepteront peut-être que la reconnaissance faciale serve à des fins de sécurité publique, mais il est à craindre qu’elle ne soit utilisée à mauvais escient pour atteindre d’autres objectifs visés par les pouvoirs publics, par exemple réprimer la dissidence. La protection des données biométriques et leur vulnérabilité au piratage et aux utilisations malveillantes si elles tombent dans de mauvaises mains suscitent également des inquiétudes. La prolifération des utilisations potentielles dictées par l’appât du bénéfice par des organisations du secteur privé constitue aussi une source de préoccupation.